Cebit'97 : coup d'envoi du Compact Disc effaçable ou CD-RW

Le Cebit'97 a été l'occasion pour les industriels d'annoncer la commercialisation prochaine du CD-RW (Compact Disc effaçable) qui sera disponible dans quelques mois sur le marché international.

Article publié dans le magazine MOS N°152. - © MOS - ARCA 1997 - Tous droits réservés.

   
 Enregistreur/lecteur Philips  CD-RW ou Compact Disc Effaçable de Ricoh

Après les USA où le CD-RW a été présenté lors du Comdex'97, l'Europe a eu droit à la campagne d'annonces des industriels. Les disques seront mis en production en avril et les premiers enregistreurs/lecteurs seront commercialisés à partir de mai. Rappelons que ces appareils sont multifonctions. Ils font office de lecteurs de CD-ROM, d'enregistreur/lecteur de CD-R (CD-WORM) et permettent d'écrire, de lire et d'effacer des Compact Disc effaçables (CD-RW) d'une capacité de 650 méga-octets. Ce nouveau support a été conjointement conçu par Hewlett Packard, Mitsubishi Chemicals, Philips, Ricoh, Sony et Yamaha (MOS N°148, pages 13/14) et ses spécifications réunies dans le document référencé &laqno;Orange Book, Part III». Pour l'instant, trois fabricants d'enregistreurs/lecteurs ont fait connaître leur intention de commercialiser des appareils. Il s'agit de Philips avec le CDD-3610, de Ricoh avec le modèle MP6200S et de Yamaha avec le CRW4001; pour sa part, Hewlett Packard sera vendeur et intégrateur de ce nouveau périphérique qu'elle achète en OEM (Original Equipment Manufacturer). Dans un premier temps, c'est Ricoh et Mitsubishi Chemicals/Verbatim qui approvisionneront le marché en disques CD-RW basés sur la technologie du changement de phase. Ils devraient être suivis par PDO Media qui dispose d'une première ligne de production à Eindhoven (Hollande). Quant à Sony, ses dirigeants n'ont pas dévoilé leurs projets.

Ces nouveaux enregistreurs/lecteurs seront vendus environ 500 dollars sur le marché international et chaque disque d'une capacité de 650 méga-octets coûtera approximativement 25 dollars pièce. A terme, ils devraient remplacer les simples enregistreurs de CD-R (CD-WORM) d'entrée de gamme. Dans l'avenir, le prix de vente des appareils multifonctions (CD-R/CD-RW) devrait connaître des baisses régulières qui les rendront accessibles à un public très large. Ces espoirs font dire à M. P. Dourghty, responsable marketing européen de Hewlett Packard pour les produits de stockage, que &laqno; le CD-RW se positionne comme le prochain média interchangeable pour micro-ordinateurs; il tiendra le rôle des disquettes magnétiques 3,5 pouces depuis les années 80».

Un moyen de sauvegarde peu coûteux et facile d'emploi

Les industriels du CD-RW envisagent en effet de faire de ce média le remplaçant de la disquette magnétique, une disquette qui offrirait une capacité de stockage de 650 méga-octets sur la face utilisée. Les premières applications qu'ils entrevoient sont la sauvegarde quotidienne ou régulière de fichiers ou de répertoires ainsi que la diffusion de dossiers, dossiers qui pourraient être mis à jour grâce à la réversibilité du support. La portabilité ou l'interchangeabilité du CD-RW sera rendue possible grâce au format logique d'enregistrement UDF (Universal Disk Format) qui permet la lecture et l'écriture des disques dans différents environnements informatiques (voir dans ce numéro pages 17/20). Celui-ci sera très prochainement (en juin sans doute) intégré dans la version &laqno;97» de Windows de Microsoft puis par Apple Computer dans le MacOS 7.6x, ceci afin d'assurer la lecture des disques CD-R et CD-RW basés sur ce format sans &laqno;driver» spécifique.

Si le CD-RW présente de nombreux avantages, il pose quelques problèmes d'utilisation. Le premier est l'impossibilité de relire des CD-RW sur les lecteurs de CD-ROM ou de DVD-ROM n'utilisant pas la technologie MultiRead co-développée par Philips et Hewlett Packard (MOS N°149, pages 13/14). Il est en effet impossible de lire des CD-RW sur les générations actuelles de lecteurs de CD-ROM et de DVD-ROM du fait de la faible réflectivité de ces médias par rapport aux Compact Disc préenregistrés et aux CD-R/CD-WORM. Cette faible réflectivité est une des caractéristiques de la technologie du changement de phase utilisée pour le CD-RW. Elle est comprise entre 15 et 25% alors que celle des CD-ROM va de 28 à 70%. Pour pouvoir relire des CD-RW, les lecteurs de CD-ROM ou de DVD-ROM doivent être équipés d'une photodiode de nouvelle génération (plus sensible que les précédentes) ou d'un dispositif d'amplification du signal afin de compenser le manque de réflectivité. Certains industriels ont franchi le pas et annoncent des lecteurs de CD-ROM et des lecteurs de DVD-ROM capables lire des CD-RW (Compact Disc effaçables). C'est le cas de Hitachi, LG Electronics, Samsung, etc.

Le second problème du CD-RW concerne le nombre de cycles &laqno;écriture-effacement-réécriture» que la couche à changement de phase peut supporter. Les deux fabricants de CD-RW, Ricoh et Mitsubishi Chemicals/Verbatim, annoncent 1000 cycles. Renseignements pris auprès des industriels, il s'agit d'un minimum garanti, aucun maximum n'étant officiellement annoncé. Selon des responsables de Sony, une dégradation de la couche sera détectable à partir de 100.000 cycles ce qui induirait, dans certains cas, des secteurs défectueux. Un minimum de 1.000 cycles équivaut à ré-enregistrer la totalité de la capacité de stockage du disque CD-RW tous les jours pendant deux ans et neuf mois. Par contre s'il s'agit de sauvegardes plus rapprochées, le disque s'usera plus vite. Les secteurs les plus touchés sont ceux sur lesquels sont enregistrés les index des répertoires et des fichiers. Pour éviter que ces zones ne se dégradent, elles seraient - selon un responsable de Philips - régulièrement déplacées ou déportées sur des diamètres différents. Pour vérifier et garantir tous ces paramètres, les industriels - fabricants d'enregistreurs/lecteurs et fabricants de médias - travaillent ensemble sur la compatibilité des produits par rapport aux spécifications de l'Orange Book Partie III et sur leur interchangeabilité. La collaboration s'étend aux développeurs qui reprennent le format logique UDF dans les logiciels d'écriture pour CD-RW et CD-R qu'ils préparent.

Les Yokohama Working Groups

Sous l'égide de Ricoh, les industriels japonais ont fondé plusieurs groupes de travail sur le CD-RW qui ont pour tâche de parvenir à une parfaite compatibilité et interchangeabilité des disques entre les différents appareils et à une parfaite lecture sur les lecteurs de CD-ROM ou de DVD-ROM utilisant la technologie MultiRead. Au mois de décembre dernier, ils se sont réunis pour la première fois à Yokohama (Japon) et se sont répartis les tâches; d'où le nom de Yokohama Working Group. Actuellement 17 industriels prennent part à ces travaux. Selon leurs intérêts, ils participent à l'un des quatre sous-groupes formés pour étudier plus particulièrement certains aspects de ce nouveau média. Ces sous-groupes se décomposent en session de travail sur les lecteurs de CD-ROM (Yokohama WG1), les enregistreurs/lecteurs multifonctions pour CD-R et CDR-W (Yokohama WG2), les lecteurs de DVD-ROM (Yokohama WG3) et le média CD-RW (Yokohama WG4). D'après M. T. Sakamaki, directeur général de la division DMS de Ricoh, la première phase de tests est actuellement bien avancée et devrait être terminée en juin prochain. Elle sera suivie de la phase 2 qui consistera à approfondir certains tests avec une participation croisée entre industriels. Les membres des Yokohama Working Groups collaborent également avec l'OSTA (Optical Storage Technology Association) à l'utilisation du format logique d'enregistrement des fichiers, l'UDF ou Universal Disk Format. Une autre association japonaise, l'OSJ également appelée Orange Forum car elle réunit les industriels développant des périphériques ou des médias répondant aux spécifications des &laqno;Orange Books» (CD-R/CD-RW, CD-MO, CD-RW), participe à ces travaux.

D'après les informations que nous avons recueillies auprès des industriels à l'origine du CD-RW, ce média intéresse de nombreux fabricants et assembleurs de micro-ordinateurs qui envisagent de l'intégrer dans certains de leurs modèles de moyen et haut de gamme. Nous devrions en savoir plus dans les prochains mois quand les premiers appareils sortiront.

Le CDRW-4001 de Yamaha

Comme nous l'annoncions dans une précédente édition, Yamaha va commercialiser un appareil multifonction d'enregistrement/lecture de CD-RW et de CD-R qui fera également office de lecteur de CD-ROM. Le premier modèle, le CDRW-4001, sera disponible dans quelques mois selon les responsables du fabricant japonais. Intégrant un contrôleur/interface E-IDE/ATAPI, il gravera des CD-R/CD-WORM à la vitesse maximale de 4X - ce qui donne un débit d'environ 600 kilo-octets par seconde -, enregistrera des CD-RW (Compact Disc effaçable) en double vitesse (300 kilo-octets par seconde) et fera fonction de lecteur 6X en offrant un taux de transfert de l'ordre de 900 kilo-octets par seconde. Le CDRW-4001 de Yamaha sera doté d'une mémoire cache de deux méga-octets et aura un temps d'accès aux informations de 250 millisecondes au maximum. Les exemplaires d'évaluation seront disponibles au mois d'avril et la commercialisation devrait débuter en mai ou en juin. Yamaha proposera par la suite une version avec contrôleur/interface SCSI-2.

Le MP6200S de Ricoh

A la fin du mois de mars, Ricoh livrera les premières unités d'évaluation de son enregistreur/lecteur de CD-RW/CD-R, le MP6200S. Cet appareil serait le fruit d'une collaboration entre la firme japonaise et Philips dont il utiliserait certains modules optoélectroniques. C'est un enregistreur 2X pour Compact Disc Effaçable et CD-R et un lecteur 6X. Il est équipé d'un contrôleur/interface SCSI-2 portant un méga-octet de mémoire cache et du dispositif OPC (Optimum Power Control) qui permet d'ajuster la puissance du laser en cas de poussières ou d'empreintes digitales sur le substrat (voir MOS N°148, pages 13/14). Son temps d'accès aux information est d'environ 350 millisecondes en lecture 6X.

Le CDD-3610 de Philips

Déjà présenté dans nos colonnes (MOS N°149, page 23), le CDD-3610 de Philips est un enregistreur double vitesse (300 kilo-octets/seconde) pour CD-R et CD-RW et un lecteur 6x au taux de transfert de 900 kilo-octets par seconde. Ce premier modèle est équipé d'un contrôleur/interface E-IDE/ATAPI qui permet de l'intégrer dans des micro-ordinateurs PC sans nécessiter de cartes. Philips mise avant tout sur le marché de l'OEM et de la distribution pour approvisionner les fabricants de micro-ordinateurs et les assembleurs. Le CDD-3610 sera également commercialisé par ses filiales, packagé avec des programmes de prématriçage pour CD-ROM et des logiciels de sauvegarde au format logique UDF.

     

Deux fabricants de médias CD-RW

Pour l'instant, seuls Ricoh et Mitsubishi Chemical ont annoncé produire des disques CD-RW. Selon les responsables de Ricoh, les recherches sur ce nouveau type de média auraient débuté au sein de leur firme en 1992. Elles ont donné lieu à la publication d'une centaine de brevets d'invention au Japon et d'une vingtaine aux USA. Ricoh va produire ses CD-RW dans son usine de Numazu (Japon) où sont déjà fabriqués ses CD-R ou CD-WORM. Dans un second temps, selon la demande du marché, ses dirigeants prévoient de réaliser une partie de leur production aux USA dans leur usine de Tustin (Californie) et en Europe chez Rika Media Technologies (Espagne), la filiale qu'ils ont en commun avec Kao Corporation. De son côté, Mitsubishi Chemical Corporation (MCC) va fabriquer ses CD-RW dans une usine (Mitsubishi Chemical Infonics) située à Singapour dans laquelle ont été investis 14 millions de dollars. Cette usine abrite une première ligne automatiques qui assurera une capacité de production mensuelle de 100.000 CD-RW. Dans un second temps, les dirigeants de MCC prévoient de monter trois autres chaînes de fabrication afin d'augmenter leur production. Dans le même temps, MCC crée de nouvelles lignes de fabrication dans son usine de Limerick en Irlande qui entreront en fonctionnement en octobre 97. Les sommes investies dans ces deux usines se montent à 270 millions de francs. Le groupe Mitsubishi possédera avant la fin de l'année 14 lignes de fabrication de CD-R qui produiront 4,2 millions d'unités par mois et 4 lignes de CD-RW qui produiront 700.000 unités par mois. A l'image de Compact Disc enregistrables ou CD-WORM, ces CD-RW porteront une couche supplémentaire appelée DataLifePlus, ce qui d'après Verbatim lui confère une plus grande résistance aux ultraviolets.

Les CD-RW de MCC seront proposés sur le marché OEM et de la distribution et seront également revendus par sa filiale Verbatim. Mitsubishi/Verbatim qui occupe le premier rang parmi les fournisseurs de média optiques et détient 45% du marché, a fait ses propres estimations concernant l'évolution du marché des CD enregistrables. Les ventes ont atteint les 60 millions d'unités en 96, devraient doubler en 97 et pourraient atteindre 355 millions de disques en l'an 2000. Quant au CD-RW, Mitsubishi/Verbatim estime qu'il parviendra très vite à atteindre 20% du marché des CD-R. Néanmoins il n'apparaît à ses yeux que comme un média de transition permettant de faire le lien entre les supports d'ancienne génération et les prochains DVD-RAM.

CD-RW Philips

PDO Media a également présenté un CD-RW qui sera commercialisé par ses différentes filiales européennes et américaines. Ses dirigeants qui disposent pour le moment d'une machine de production en petite quantité dans une unité située à Eindhoven (Hollande) prévoient d'avoir leurs propres fabrications dans les mois à venir. Par la suite, la fabrication pourrait être basculée dans l'usine de Wiesbaden (Allemagne) où la filiale commune entre Philips et Hoechst produit des disques magnéto-optiques. Avant peu, d'autres industriels se lanceront sur ce marché. Francis Pelletier

Article publié dans le magazine MOS N°152.

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