Sony : de 8 à 12 giga-octets par face de disque optique de 12 centimètres

Les dirigeants de Sony ont annoncé leur intention de développer de nouveaux disques optiques de haute densité pour des applications grand-public et informatiques.

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L'objectif de Sony est de concevoir puis d'industrialiser des enregistreurs/lecteurs pour des disques optiques effaçables de douze centimètres de diamètre dont la capacité de stockage évoluera entre 8 et 12 giga-octets par face. Cette annonce ne concerne donc pas un produit existant mais une intention qui devrait se concrétiser après l'an 2000. C'est une façon de prendre position sur un marché. Sony vise principalement le marché grand-public avec des solutions destinées à remplacer les magnétoscopes actuels. Les enregistreurs/lecteurs de disques optiques effaçables enregistreront de la vidéo numérique mais pourront aussi être utilisés comme périphériques informatiques.

Deux voies d'exploration

Dans un communiqué datant du 22 octobre 97, les chercheurs de Sony expliquent les voies qu'ils explorent pour parvenir à réaliser ces appareils et leurs médias. Elles sont au nombre de deux. L'une est de nature magnéto-optique tandis que la seconde est à changement de phase. L'objectif est d'atteindre une capacité de 10 giga-octets par face d'un disque magnéto-optique de 12 centimètres de diamètre. Dans le disque magnéto-optique, la couche sensible serait à base de terbium/fer/cobalt (TeFeCo); l'ouverture numérique de la lentille optique serait de 0,85. Dans la technique à changement de phase, la couche est un composé à base de germanium/antimoine/tellure (GeSbTe). Sony est, par ailleurs, licencié de la société ECD.

En fonction des lasers à semi-conducteurs qui seront disponibles en l'an 2000 et plus, en particulier en fonction de leur fiabilité et de leur prix, Sony choisira entre une longueur de 635 (rouge) ou de 515 (bleu-vert) nanomètres; ou peut-être même de 430 nanomètres (bleu) si cela est possible. En utilisant une longueur d'onde de 635 nanomètres, Sony espère obtenir une capacité de stockage de 8 giga-octets par face, ce qui équivaut à une densité d'informations de 0,94 gigabits par cm2 (6,1 gigabits par pouce carré) et un entre-axe de piste de 0,5 micron. Par contre avec un laser émettant dans les 515 nanomètres, chaque face de disque aurait une capacité de 12 giga-octets grâce à une densité de 1,47 gigabits par cm2 (9,5 gigabits par pouce carré) et, cette fois, un entre-axe de piste de 0,4 micron. Avec un laser à semi-conducteur émettant dans le bleu, cette capacité pourrait être de l'ordre de 18 giga-octets sur une seule face. Pour obtenir ses résultats, les enregistreurs devront écrire les informations à la fois dans les creux et sur les plateaux entre les pistes.

En matière de détection du signal, Sony s'oriente vers une méthode appelée PRML ou Partial-Response Maximum Likelihood déjà utilisée dans les disques durs magnétiques et qui serait optimisée pour les disques optiques. La méthode de modulation et de codage du signal serait basée sur une technique appelée RML (Repeat Minimum transition run-length limited), combinée à d'autres techniques existantes. Pour la correction d'erreurs, Sony prévoit d'utiliser le TIRC (in-Track Interleaved Reed-Solomon Code) découlant de certaines méthodes déjà utilisées dans les disques optiques. Tout ceci est à prendre au conditionnel car il s'agit là de projets concernant des médias et des produits dont l'industrialisation ne devrait pas se faire avant l'an 2000, un terme suffisamment lointain pour que le concept de départ soit manié et remanié.

Si Sony atteint ses objectifs, son disque de 12 centimètres de diamètre d'une capacité de 8 giga-octets par face permettra d'enregistrer 3 heures de vidéo numérique à un débit continu de 6 mégabits par seconde. En utilisant un laser émettant dans le bleu-vert, c'est 4,5 heures de vidéo numérique (6 Mb/sec.) qu'un utilisateur pourrait stocker sur la même surface. Avec tel produit, on comprend mieux pourquoi Sony veut d'ores et déjà se positionner sur le marché du magnétoscope numérique à base de disque optique où plusieurs formats risquent de se faire concurrence. Il n'est pas exclu que Sony étudie une variante de ce type de disque et d'enregistreur, dans un format plus petit (8 cm par exemple), destinée à équiper des caméscopes numériques. La bataille sur ce créneau s'annonce rude. Plusieurs sociétés de l'électronique grand-public ont entrepris des manuvres de positionnement. Mais il nous faudra patienter quelques années avant de découvrir ce que nous réservent véritablement leurs annonces très prometteuses. F.P.

Article publié dans le magazine MOS N°157.

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