Un nouveau disque hybride :

le Video-CD-ROM

Pour faciliter l'exploitation du Vidéo-CD sur des micro-ordinateurs, et peut-être ainsi activer un marché atone en occident, les concepteurs du média préparent une version hybride à usage micro-informatique.

Article publié dans le magazine MOS 147 © MOS - ARCA 1996 - Tous droits réservés.

Le 23 septembre dernier (1996), les fabricants de Vidéo-CD que sont JVC, Panasonic, Philips et Sony, figurant au nombre de ceux qui ont aux tout premiers temps participé à sa définition, ont présenté une version hybride de ce média. A travers elle, ils cherchent à éliminer les sempiternels problèmes d'incompatibilité matérielle. Le principe est de faire en sorte que les images compressés à la norme MPEG-1 et le son compressé avec MPEG-Audio soient lisibles, quelle que soit la plate-forme utilisée. Le Vidéo-CD a été conçu à l'origine pour être exploité sur des lecteurs de salon connectés à un téléviseur. Mais sont arrivées les cartes de décompression et, plus récemment, les logiciels de décompression qui ont permis de décoder de la vidéo et du son sur des micro-ordinateurs. Cartes et logiciels fonctionnent sur des systèmes de moyenne puissance à base de Pentium ou de PowerPC et ne demandent aucun matériel spécifique. Certains de ces logiciels de décompression sont même livrés gratuitement avec des cartes graphiques ou vidéo et cette pratique se répand chez les fournisseurs de cartes. Le public qui peut relire des Vidéo-CD sur une station informatique ne cesse donc de grandir, en particulier dans les tranches d'âge jeunes. Les fabricants de Vidéo-CD s'en sont aperçus et tentent aujourd'hui d'élargir ce créneau en créant un disque hybride qui peut être lu sur des micro-ordinateurs équipés d'un lecteur de CD-ROM, d'une carte de décompression MPEG-1 ou d'un logiciel adéquat mais aussi sur des lecteurs spécifiques, sur des lecteurs de CD-I ou sur des consoles (par exemple de 3DO ou Sega).

Les spécifications du Vidéo-CD-ROM ne sont pas totalement identiques à celles du média de base. Pour assurer un démarrage direct du programme sur des micro-ordinateurs, il a fallu faire quelques aménagements dans la structure logique des fichiers . Comme le montre le schéma ci-dessus, le Vidéo-CD-ROM utilise une plage CD-ROM située après les premières pistes lues par le lecteur. Elle ne sera pas détectable par les lecteurs simples de Vidéo-CD. Cette plage portera des programmes et des commandes d'exploitation des Vidéo-CD-ROM. Y seront enregistrés un ou plusieurs logiciels de décompression de la vidéo et du son, des commandes d'exécution directe, le tout permettant le démarrage de la première séquence ou du menu de sélection dans un environnement micro-informatique. Il est prévu une commande de type &laqno;autorun.inf» qui sera comprise par différents systèmes d'exploitation. Sous Windows'95, elle enclenchera la fonction &laqno;Autoplay» tandis que sous MacOS, elle activera le démarrage d'une séquence QuickTime. Les commandes du Vidéo-CD-ROM seront aussi compatibles avec les technologies ActiveMovie et DirectX de Microsoft. Par leurs autres fonctions, les logiciels incorporés détecteront si l'ordinateur dispose d'une carte de décompression dotée de processeurs de décodage ou s'il fait appel à un logiciel de décompression.

Si l'ordinateur de lecture dispose des éléments logiciels nécessaires à l'exploitation des séquences, l'utilisateur verra s'afficher les premières images du Vidéo-CD-ROM. Ces commandes et les spécifications de la structure logique d'un Vidéo-CD-ROM ont été définies par les industriels à l'origine de ce média avec la collaboration de Microsoft, de Apple Computer et de l'Open MPEG Consortium. Le correspondant japonais de ce consortium a édité à l'intention de ses membres un premier guide décrivant la structure logique et les commandes à utiliser. Elles sont également disponibles auprès de Philips pour les sociétés ayant acquis une licence.

Le Vidéo-CD-ROM n'a rien en soi de techniquement révolutionnaire. C'est une évolution qui s'est déjà produite dans le passé quand le Compact Disc audio a donné naissance au CD-Extra (MOS N°141, page 45) qui permet d'ajouter une plage CD-ROM à des programmes musicaux. Il apporte cependant une confirmation, qui est la volonté des industriels de rendre leurs nouveaux médias exploitables sur de multiples plates-formes; à la limite, indépendants de la plate-forme d'exploitation. Créer un Vidéo-CD-ROM ne devrait pas, a priori, poser de problèmes. Tout au plus faudra-t-il attendre que les programmes de réalisation et de préformatage de Vidéo-CD-ROM permettent d'ajouter les programmes d'exploitation. Les problèmes viendraient plutôt du télescopage des générations de supports. Mais l'arrivée prochaine du DVD-Video ne semble pas gêner outre mesure les plans des industriels prônant le Vidéo-CD. Le DVD-Vidéo ne leur fait pas peur; ils font également partie du DVD Consortium et travaillent au développement de ce média. Mais ils estiment qu'il existe un marché du Vidéo-CD à conquérir du côté des utilisateurs de micro-ordinateurs de moyenne et haute gamme; d'où le Vidéo-CD-ROM qui est la parfaite illustration de la convergence entre les mondes de l'électronique grand-public et de l'informatique.

Francis Pelletier

Article publié dans le magazine MOS 147

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