MPO : fabricant de Mini-Disc
et de MD-Data
MPO : manufacturer of Mini-Disc and MD-Data


par Francis Pelletier - © copyright 1994 MOSARCA
Cet article a été publié dans le magazine MOS 128 - novembre 1994

Connue des professionnels de l'édition phonographique et du multimédia en tant que matriceur et presseur de disques, la société MPO sort de son registre habituel pour aller voir du côté des disques optiques enregistrables et, en particulier, du côté du Mini-Disc. Elle a un savoir-faire éprouvé à y mettre en valeur, en même temps que de nouvelles technologies que ses ingénieurs ont développées pour les générations futures de supports de stockage.

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MD-Data réalisé chez MPO (France)
Photo : © MPO


A partir de ce mois, la société MPO ou Moulages Plastiques de l'Ouest (Villaine-la-Juhel, France) inscrit à son offre une nouveauté à double facette: le Mini-Disc de Sony. Elle le propose inclus dans une prestation de pressage sous sa forme de disque préenregistré mais également en tant que fourniture sous sa forme de disque vierge enregistrable. Après avoir été la première société indépendante en Europe à se lancer dans le matriçage et la duplication de Compact Disc audio, de CD-ROM et de LaserDisc, une fois encore, MPO innove. L'innovation est d'ailleurs de taille pour une entreprise spécialisée dans le pressage. Si les Mini-Disc préenregistrés respectent le schéma classique et sont fabriqués sur une chaîne somme toute parallèle à celle des Compact Disc, il n'en est pas de même des Mini-Disc enregistrables dont la technologie diffère franchement de celles des disques préenregistrés et demande des connaissances spécifiques, différentes de celles que nécessitaient les premières. Les Mini-Disc enregistrables sont de type magnéto-optique; fabriquer ces Mini-Disc suppose donc que soient maîtrisées les techniques de dépôt de couches minces successives et les techniques de contrôle de la qualité qui sont, les unes et les autres, totalement différentes de celles de la filière CD. Les ingénieurs de MPO ont surmonté ces obstacles et ont développé leur propre technique et les matériels adéquats, sans perdre de vue un instant l'obligation de rester compatible à 100% avec les spécifications édictées par Sony. MPO a d'ailleurs reçu récemment l'agrément de Sony pour fabriquer des Mini-Disc enregistrables. Elle s'apprête maintenant à les commercialiser sur les marchés national et international.

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M. Loïc de Poix, PDG de MPO

Si MPO est, à l'heure actuelle, la seule société indépendante en Europe à fabriquer du Mini-Disc enregistrable et préenregistré, ce n'est pas un hasard. Ses dirigeants, parmi lesquels M. Loïc de Poix, PDG, et M. Marc de Rieux, directeur de la recherche et des développements, ont commencé très tôt à s'intéresser à ce nouveau support. En 1992, MPO a signé avec Sony un premier accord de licence qui concernait le Mini-Disc préenregistré. Cette licence lui donne le droit de produire des matrices et de dupliquer des disques pour des usages grand-public. En juillet 1993, après de longues tractations, MPO a obtenu de Sony une seconde licence, celle de produire et de réaliser ses propres Mini-Disc enregistrables. Une équipe de recherche a été mise en place au sein de MPO pour concevoir des couches de structure d'enregistrement/effacement qui respectent les spécifications édictées par Sony. Composée de quatre ingénieurs travaillant sous la direction de M. Marc de Rieux cette équipe a collaboré avec un laboratoire de recherches extérieur à MPO. Ce laboratoire avait déjà mis au point une couche magnéto-optique pouvant être utilisée pour des disques optiques effaçables. Après quelques mois d'expérimentation et des modifications de composés, les ingénieurs de MPO ont abouti à une structure fiable d'enregistrement/effacement magnéto-optique de leur cru.

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Presse pour la duplication de Mini-Disc
et la réalisation de substrat pour MD-Data
chez MPO - Photo : © F.P.


Parallèlement à ces travaux, MPO s'équipait d'une première ligne de duplication puis d'une deuxième, mises en place dans l'usine d'Averton (Villaine-la-Juhel). Celles-ci sont entièrement vouées au Mini-Disc; enregistrable pour l'une, préenregistré pour l'autre. Ces chaînes se composent de presses à injection conçues pour produire des média de 2,5 pouces (64 mm) de diamètre, de dispositifs effectuant le dépôt en étapes successives de plusieurs fines pellicules de protection et d'enregistrement et enfin d'une partie consacrée au conditionnement des disques en cartouches à volet métallique. Car contrairement au Compact Disc audio ou au CD-ROM, le Mini-Disc a besoin pour fonctionner d'un anneau métallique de centrage puis d'une cartouche à volet mobile, ce qui nécessite des machines particulières en bout de chaîne. La capacité de production en Mini-Disc chez MPO est de 3.500 médias magnéto-optiques par jour ou de 10.000 disques préenregistrés par jour grâce à une automatisation poussée. Une des caractéristiques de MPO, qui s'est déjà vérifiée pour le CD-ROM et le LaserDisc, est qu'elle aime maîtriser toutes les phases de la production, même les plus techniques et que, pour ce faire, elle ne lésine pas sur les investissements. Ainsi, MPO réalise en interne le prétraitement des Mini-Disc préenregistrés qui demandent une compression des données numériques selon l'algorithme ATRAC (ou Adaptive TRansform Acoustic Coding) de Sony; elle réalise aussi le matriçage et l'ensemble des opérations de fabrication de &laqno;stampers». Que le producteur ait de bout en bout la maîtrise de la chaîne de production est, pour le client, une garantie de qualité, la responsabilité du travail n'incombant qu'à un prestataire et un seul. Tel est le point de vue de M. Loïc de Poix. Pour sa part, MPO y trouve la souplesse que donne l'indépendance vis à vis des prescripteurs et des intervenants classiques. En attendant, cette rigueur a un prix: l'ensemble du matériel et le budget de recherche ont nécessité un investissement de l'ordre de quarante millions de francs. Comme nous avons pu le vérifier en visitant ces nouvelles installations avec MM. Loïc de Poix et Marc de Rieux, tout est mis en uvre pour arriver à un résultat optimal qui va même, comme l'indiquent les tests, au delà des tolérances accordées par Sony. Bien qu'elle ait désormais passé le relais à l'équipe de production, l'équipe de recherche de MPO continue de suivre ses produits Mini-Disc. Elle s'est équipée d'un microscope atomique pour contrôler par échantillonnage les disques produits; elle effectue des tests en continu d'usure de la couche de vernis sur laquelle repose la tête magnétique de l'enregistreur/lecteur de Mini-Disc. Sony, de son côté, n'a accordé son agrément qu'après avoir procédé à des évaluations des disques produits par MPO. Cet agrément n'empêche pas que MPO reste propriétaire de la couche magnéto-optique et pourrait, à l'avenir, l'utiliser pour d'autres types de média comme, par exemple, le MD-Data ou encore des disques optiques numériques.

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M. Marc Desrieux, responsable des recherches
et des développements chez MPO

Pour commercialiser ses Mini-Disc enregistrables, MPO mise sur deux canaux. Le premier est le canal de l'OEM qui consiste à fabriquer des média pour un ou plusieurs industriels qui les étiquettent à leur propre marque. Le second canal est celui des réseaux de distribution déjà établis. MPO poursuit avec deux circuits distincts des négociations qui devraient aboutir sous peu. Mais en elle-même, MPO recèle des ressources que les dirigeants entendent mettre à contribution: ce sont les différentes filiales installées en Europe, en Amérique du Nord et en Asie qui seront chargées de proposer des Mini-Disc enregistrables sur ces marchés. Comme nous le rappelions au début de cet article, une fois de plus, MPO défriche un marché totalement nouveau et, c'est une première, se lance dans la fabrication de média enregistrables. Les discussions que nous avons eues avec ses dirigeants montrent qu'il s'agit d'un investissement savamment calculé qui ouvre à MPO des perspectives bien plus larges que le seul Mini-Disc, qui joue en la circonstance le rôle d'amorce ou encore de tremplin vers des marchés de média enregistrables de différents diamètres. Les premiers exemplaires des Mini-Disc enregistrables de MPO seront disponibles d'ici quelques semaines.

Francis Pelletier
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Cet article a été publié dans le magazine MOS 128 - novembre 1994
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