Dérivé du MiniDisc enregistrable, le MD-Data est
la version informatique du disque que Sony avait conçu pour remplacer
la cassette audio. Sur un disque magnéto-optique de 64 millimètres
enfermé dans une cartouche, on peut stocker 140 méga-octets
sur une seule face exploitable. Les défauts majeurs du MD-Data sont
son taux de transfert qui est d'environ 150 kilo-octets par seconde
- celui du Compact Disc audio -, son temps d'accès aux données
de 300 millisecondes et le prix des enregistreurs/lecteurs. Conscient de
ces insuffisances, Sharp envisage malgré tout de relancer le MD-Data
en 1996 alors que Sony semble avoir fait l'impasse sur ce produit.
Lecteur /enregistreur MD-Data de Sharp
Sharp s'est allié avec le fabricant américain National Semiconductor
Corp. (Santa Clara, CA) qui a développé un nouveau contrôleur/interface
qui permet de minimiser les coûts des appareils et de faciliter leur
intégration dans des micro-ordinateurs. Référencée
MDIC pour Multidrive Interface Controler, cette interface tient dans
un seul composant et permet de connecter directement un enregistreur/lecteur
de MD-Data à un lecteur de disquette magnétique (3,5 pouces).
Le contrôleur MDIC combiné à une tête optique
miniaturisée conçue par Sharp devraient permettre à
celle-ci de produire au meilleur prix des enregistreurs/lecteurs pour micro-ordinateurs
PC et compatibles. Le prototype présenté lors du Comdex'95
mesure 17 millimètres de haut et s'intègre en lieu et place
d'un lecteur de disquette magnétique. Il devrait être proposé
aux industriels de l'informatique et aux constructeurs de micro-ordinateurs
à partir de décembre. Les premiers exemplaires seront livrables
au cours du premier trimestre 1996 au prix OEM unitaire d'environ 200 dollars.
La production de masse est prévue pour le troisième trimestre
1996, si la demande se fait sentir.
Conscient des défauts techniques du MD-Data de base, Sharp envisage
de concevoir des enregistreurs/lecteurs double et quadruple vitesse capables
d'assurer un débit de l'ordre de 300 ou 600 méga-octets
par seconde en augmentant la vitesse de rotation du disque. Elle proposera
également de compresser les données avant enregistrement pour
doubler la capacité du disque et la porter à 280 méga-octets.
Dans une seconde phase, Sharp prévoit de quadrupler la densité
de stockage du MD-Data en modifiant ses caractéristiques physiques
d'enregistrement. Ses ingénieurs auraient démontré
qu'il est possible, en changer en même temps de longueur d'onde du
laser et de largeur de pistes, de prévoir l'écriture des données
à la fois sur ces pistes et sur les espaces intermédiaires,
ce qui porterait la capacité à 700 méga-octets
en natif (c'est-à-dire sans compression). Ils utiliseraient dans
ce cas un laser émettant dans une longueur d'onde de 680 nanomètres
contre 780 nm aujourd'hui, ce qui aurait pour effet direct de réduire
la taille des pits de 0,9 à 0,45 micron. Les ingénieurs de
Sharp ont également conçu un média MD-Data spécifique
pour répondre à cette augmentation de densité. Sa structure
optique se compose de deux couches magnéto-optiques combinée
avec un dispositif de masque virtuel permettant d'éliminer les interférences
entre deux zones. Pour l'instant, il ne s'agit que de recherches réalisées
en laboratoires qui n'ont encore donné naissance à aucun produit
commercialisable. Sharp devra par ailleurs s'accorder avec Sony qui est
à l'origine du MiniDisc et du MD-Data.
Sans que l'on voie très bien ce qui la fonde, Sharp semble avoir
l'ambition de faire du MD-Data un support de sauvegarde et de diffusion
de données complémentaire du CD-ROM en ce qu'il permet d'enregistrer
sur un support effaçable. Tout comme Sony il y a un an, Sharp voudrait
bien faire du MD-Data le remplaçant de la disquette magnétique
actuelle. Ses dirigeants entrevoient aussi pour le MD-Data actuel et ses
futures générations des usages dans des "assistants personnels
électroniques" (PDA), des appareils photo numériques,
etc. Reste le plus difficile: convaincre aujourd'hui des constructeurs informatiques
et des utilisateurs qui ne l'ont pas été hier, du bien fondé
de ce point de vue.
Francis Pelletier
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