Sharp relance le MD-Data
A new MD-Data from Sharp on the marketplace

par Francis Pelletier - © 1995 MOSARCA
Cet article a été publié dans le magazine MOS 139 - novembre 1995

Le MD-Data que Sony avait annoncé en 1994 n'a guère fait d'adeptes parmi les industriels de l'informatique. Cela n'empêche pas l'industriel japonais Sharp de vouloir, en collaboration avec National Semiconductor, relancer ce média et mettre au point de nouvelles générations.



Dérivé du MiniDisc enregistrable, le MD-Data est la version informatique du disque que Sony avait conçu pour remplacer la cassette audio. Sur un disque magnéto-optique de 64 millimètres enfermé dans une cartouche, on peut stocker 140 méga-octets sur une seule face exploitable. Les défauts majeurs du MD-Data sont son taux de transfert qui est d'environ 150 kilo-octets par seconde - celui du Compact Disc audio -, son temps d'accès aux données de 300 millisecondes et le prix des enregistreurs/lecteurs. Conscient de ces insuffisances, Sharp envisage malgré tout de relancer le MD-Data en 1996 alors que Sony semble avoir fait l'impasse sur ce produit.

Lecteur /enregistreur MD-Data de Sharp

Sharp s'est allié avec le fabricant américain National Semiconductor Corp. (Santa Clara, CA) qui a développé un nouveau contrôleur/interface qui permet de minimiser les coûts des appareils et de faciliter leur intégration dans des micro-ordinateurs. Référencée MDIC pour Multidrive Interface Controler, cette interface tient dans un seul composant et permet de connecter directement un enregistreur/lecteur de MD-Data à un lecteur de disquette magnétique (3,5 pouces). Le contrôleur MDIC combiné à une tête optique miniaturisée conçue par Sharp devraient permettre à celle-ci de produire au meilleur prix des enregistreurs/lecteurs pour micro-ordinateurs PC et compatibles. Le prototype présenté lors du Comdex'95 mesure 17 millimètres de haut et s'intègre en lieu et place d'un lecteur de disquette magnétique. Il devrait être proposé aux industriels de l'informatique et aux constructeurs de micro-ordinateurs à partir de décembre. Les premiers exemplaires seront livrables au cours du premier trimestre 1996 au prix OEM unitaire d'environ 200 dollars. La production de masse est prévue pour le troisième trimestre 1996, si la demande se fait sentir.

Sharp planifie les futures versions du MD-Data

Conscient des défauts techniques du MD-Data de base, Sharp envisage de concevoir des enregistreurs/lecteurs double et quadruple vitesse capables d'assurer un débit de l'ordre de 300 ou 600 méga-octets par seconde en augmentant la vitesse de rotation du disque. Elle proposera également de compresser les données avant enregistrement pour doubler la capacité du disque et la porter à 280 méga-octets. Dans une seconde phase, Sharp prévoit de quadrupler la densité de stockage du MD-Data en modifiant ses caractéristiques physiques d'enregistrement. Ses ingénieurs auraient démontré qu'il est possible, en changer en même temps de longueur d'onde du laser et de largeur de pistes, de prévoir l'écriture des données à la fois sur ces pistes et sur les espaces intermédiaires, ce qui porterait la capacité à 700 méga-octets en natif (c'est-à-dire sans compression). Ils utiliseraient dans ce cas un laser émettant dans une longueur d'onde de 680 nanomètres contre 780 nm aujourd'hui, ce qui aurait pour effet direct de réduire la taille des pits de 0,9 à 0,45 micron. Les ingénieurs de Sharp ont également conçu un média MD-Data spécifique pour répondre à cette augmentation de densité. Sa structure optique se compose de deux couches magnéto-optiques combinée avec un dispositif de masque virtuel permettant d'éliminer les interférences entre deux zones. Pour l'instant, il ne s'agit que de recherches réalisées en laboratoires qui n'ont encore donné naissance à aucun produit commercialisable. Sharp devra par ailleurs s'accorder avec Sony qui est à l'origine du MiniDisc et du MD-Data.

Sans que l'on voie très bien ce qui la fonde, Sharp semble avoir l'ambition de faire du MD-Data un support de sauvegarde et de diffusion de données complémentaire du CD-ROM en ce qu'il permet d'enregistrer sur un support effaçable. Tout comme Sony il y a un an, Sharp voudrait bien faire du MD-Data le remplaçant de la disquette magnétique actuelle. Ses dirigeants entrevoient aussi pour le MD-Data actuel et ses futures générations des usages dans des "assistants personnels électroniques" (PDA), des appareils photo numériques, etc. Reste le plus difficile: convaincre aujourd'hui des constructeurs informatiques et des utilisateurs qui ne l'ont pas été hier, du bien fondé de ce point de vue.

Francis Pelletier

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