La nouvelle plate-forme MPC-3

Le MPC Council qui réunit les industriels et les développeurs de solutions dites &laqno;multimédia» pour compatibles PC vient d'annoncer par la voix de la SPA (Software Publishers Association) la naissance d'une nouvelle plate-forme appelée MPC3. Mais ce qui aurait dû être une mise à niveau des spécifications du micro-ordinateur multimédia semble avoir raté son but.

par Francis Pelletier © Copyright 1995 MOSARCA

Prenant la suite des versions MPC puis MPC-2, la plate-forme MPC-3 se plie aux nouvelles exigences des utilisateurs. A leur exigence de puissance tout d'abord qui fait que le MPC 3 repose sur un micro-ordinateur compatible PC plus puissant; à leur exigence de qualité en matière d'image qui introduit la norme MPEG-1 pour l'exploitation de la vidéo compressée. Ces nouvelles recommandations pour avoir droit aux logo MPC-3 ont été rendues publiques par la SPA ou Software Publishers Association (Washington, DC) qui a absorbé depuis quelques mois le MPC Council. Ce dernier était l'organisme professionnel chargé du développement du PC Multimédia et de l'octroi de licences aux industriels.
Selon la définition du &laqno;standard» MPC-3, toute plate-forme qui prétend à cette qualité doit utiliser au minimum un processeur Pentium 75 MHz (ou un composant équivalent d'une puissance de calcul comparable). Ce compatible PC doit posséder au moins huit méga-octets de mémoire vive (RAM), un disque dur magnétique de 540 méga-octets et doit fonctionner sous le système d'exploitation DOS 6.0. et Windows 3.11. Le MPC-3 doit être équipé d'un lecteur de CD-ROM quadruple vitesse (4X) compatible CD-ROM-XA, lequel doit être capable de lire des disques multisessions tout en donnant accès aux informations en un temps égal ou inférieur à 250 millisecondes. De même, il devra être doté d'une carte sonore 16 bits intégrant une table de fréquences musicales (wavetable) et d'interprétation/restitution de fichiers MIDI. La carte graphique du MPC-3 est laissée à l'appréciation des fabricants mais elle devra accélérer toutes les opérations de manipulation des images.
Ce qui distingue le MPC-3 de ces prédécesseurs est l'introduction de la vidéo compressée à la norme MPEG-1. La vidéo décompressée doit être restituée en plein écran à la norme SIF (352 x 240 pixels à 30 images par seconde ou 352 x 288 à 25 images/seconde) avec une définition minimale d'affichage de 15 bits par pixel. Les solutions de décompression utilisées, qu'il s'agisse de cartes, de circuits additionnels ou de codec purement logiciels, devront être compatibles avec les spécifications OM-1 de l'Open MPEG Council (MOS N°122 page 40). Et il faudra s'assurer par des tests de la pleine compatibilité avec les recommandations de la SPA.
Cette nouvelle plate-forme MPC-3 devrait faire son apparition sur le marché à la fin de cette année. Elle a été élaborée par une douzaine de sociétés membres actifs de l'ex MPC Council, qui s'appelle désormais Multimedia PC Working Group. Ce groupe rattaché à la SPA comprend AT&T (ex-NCR), Creative Labs, Dell, Disney Interactive, Fujitsu Personal Systems, Gateway 2000, Horizons Technology, IBM, Jazz Multimedia, NEC Technologies, Philips Consumer Electronics, Quicksilver, Sigma Designs, Nec Technologies, Software Publishers Association, Turner Interactive et Zenith Data Systems.
Il est permis de s'interroger sur le besoin qu'a éprouvé le Multimedia PC Working Group de définir un MPC-3, tel qu'il est défini. Le rôle de ce groupe étant jusqu'ici d'anticiper, il avait pour principe de définir des plates-formes maximalistes, l'idéal du PC multimédia que les fabricants devaient s'efforcer d'atteindre sans forcément y parvenir, en particulier pour des questions de coûts. La plate-forme décrite ci-dessus, dans la description de laquelle nous avons élagué volontairement certains détails (concernant le clavier, les haut-parleurs, les câbles audio, etc.), est une plate-forme ordinaire, presque minimaliste. C'est quasiment le compatible PC de base; du moins celui qui sera vendu à la fin de cette année dans les grandes surfaces. Le lecteur de CD-ROM quadruple vitesse n'est plus le summum des lecteurs mais celui qui est le plus couramment proposé et acheté aujourd'hui. L'utilisateur qui achète un lecteur double vitesse à l'heure actuelle sous prétexte qu'il est bradé s'expose à regretter rapidement son achat. Même perplexité de notre part concernant le codage de la vidéo. On peut se poser quelques questions sur la pérennité de la vidéo MPEG-1 sur micro-ordinateur. Malgré tous les espoirs qu'avaient placés en elle les développeurs de cartes additionnelles, la norme MPEG-1 n'a pas percé sur le marché grand-public. Cela tient à plusieurs raisons. Les solutions de décodage MPEG-1 pour compatibles PC sont restées chères comparées au prix de base du micro-ordinateur qui n'a fait que chuter depuis deux ans. Les fabricants de ces cartes additionnelles ont mal pensé leurs produits et beaucoup d'utilisateurs attendent toujours une carte universelle (graphique + son + vidéo) à un prix raisonnable, ce qui n'est pas une attente extravagante si l'on regarde les jeux de composants électroniques packagés qui existent sur le marché. De plus, on n'a pas vu apparaître sur le marché de programmes, notamment de jeux, exploitant cette technique de compression/décompression de la vidéo qui auraient pu inciter à l'achat de cartes de décodage MPEG-1 pour compatibles PC. La montée en puissance de calcul des micro-ordinateurs permet désormais, avec un Pentium 90 MHz, de décompresser en temps réel la vidéo et le son MPEG-1 sans carte spécifique; si ce n'est une excellente carte graphique avec accélérateur sous MS-Windows.
Quel avenir ont les solutions MPEG-1 alors que tout incite à passer à la norme MPEG-2: les futurs produits tels que le DVD (Digital Video Disc) ou le MMCD (Multimedia CD) mais aussi la télévision numérique. On peut s'interroger également sur le fait que les spécifications du MPC-3 ne donnent pas d'indications sur la nature du bus (ISA, VESA, PCI) requis pour cette plate-forme. Cette description du &laqno;nouveau» compatible PC laisse une impression d'inachevé, de &laqno;déjà acquis» et trace l'esquisse d'un produit d'avance obsolète.


Francis Pelletier © Copyright 1995 MOSARCA

Cet article a été publié dans le magazine MOS N°135 - Juin 1995